Paris, le 17 avril 2023
Objet : Compte rendu synthétique de l’audition de l’Ambassadrice du Niger en France, Son Excellence Mme Aïchatou Boulama Kané, par le groupe d’amitié France-Niger.
Le mardi 11 avril 2023 à 14h00, Salle 4203.
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Présentation de Mme l’Ambassadrice et échanges avec les membres du groupe d’amitié
L’Ambassadrice du Niger en France a commencé par présenter les grandes orientations du président Mohamed Bazoum et les axes de la coopération entre la France et le Niger en précisant quels étaient les apports possibles du groupe d’amitié.
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Les participants se sont félicités du dynamisme du groupe d’amitié France-Niger sous la précédente législature et à venir. Dans ce cadre, le rôle des députés membres du groupe d’amitié peut s’envisager comme un rôle de « facilitateurs » pour porter certaines questions ou approfondir des thématiques d’intérêt.
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L’élection du président Bazoum, au pouvoir depuis deux ans, marque la première alternance démocratique au Niger. Son programme « Renaissance – Acte III », se décline en plusieurs défis pour le Niger. Mme l’Ambassadrice est en particulier revenue sur trois priorités majeures :
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Le capital humain, à travers notamment le défi de la transition démographique, de l’éducation, de la santé et du genre. L’essentiel de la croissance économique nigérienne étant actuellement absorbée par l’accroissement démographique.
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Le défi climatique. Ce défi majeur créé des situations d’urgence chaque année et est en partie responsable de la dégradation de la situation sécuritaire dans certaines parties du Niger, notamment du fait de la crise pastorale née du changement climatique.
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La sécurité. Depuis 2011, la menace terroriste se développe et la situation sécuritaire se dégrade.
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Face à ces défis, des solutions nigériennes existent. Elles sont inscrites pour la plupart dans le plan de développement économique et social (PDES) 2022-2026. Avec l’aide de la France, la table-ronde de Paris a permis aux autorités nigériennes de mobiliser les investisseurs pour financer ce plan. Le plan est notamment axé sur le développement humain, la gouvernance, avec le renforcement des institutions démocratiques ou encore le développement économique.
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L’Ambassadrice est revenue sur la nécessité pour le Niger de trouver des solutions nigériennes aux défis du pays. A terme, le président Bazoum, compte beaucoup sur les recettes pétrolières pour financer le PDES en veillant à ce que les ressources issues du secteur soient bien réinvesties et à éviter toute corruption ou détournement. Les investissements dans le secteur de l’énergie et de l’agro-industrie en partenariat avec la France se poursuivent (barrage hydroélectrique notamment en construction à des fins d’irrigation). Le développement économique de ces secteurs s’accompagne par ailleurs de programmes de réinstallation des populations.
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En matière de sécurité, le Niger connait de fortes tensions à ses sept frontières même si les efforts menés avec les partenaires (Nigéria, Tchad) commencent à porter leurs fruits. Dans la zone des trois frontières, la situation s’est aggravée après les coups d’Etat successifs dans la sous-région et la fin de la mission Barkhane. Avec la déstabilisation de la Lybie, les flux migratoires se sont intensifiés. Pour faire face à cette dégradation de la situation sécuritaire, les autorités nigériennes ont entrepris une montée en puissance et une professionnalisation de l’armée nigérienne. Des recrutements très importants ont eu lieu pour augmenter le nombre de forces de défense et de sécurité dans leur ensemble mais également des investissements pour équiper les soldats, les payer et les former. Les principaux partenaires du Niger en la matière sont la France, les Etats-Unis, l’Allemagne (équipements) ainsi que d’autres partenaires européens (Italie et Espagne notamment).
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Les relations diplomatiques franco-nigériennes sont jugées très bonnes.
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En particulier, l’Ambassadrice a souhaité sensibiliser les membres du groupe d’amitié sur trois enjeux :
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La nécessité de l’éducation des jeunes filles, qui constitue un axe fort du programme du président Bazoum à travers notamment la création d’internats. Cette politique est essentielle pour créer les conditions du développement humain, maintenir les filles à l’école et ainsi maitriser la transition démographique en évitant les mariages et les grossesses précoces.
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La plus grande mobilisation des outils de coopération décentralisée. Demande de l’Ambassadrice d’être mise en relation avec des collectivités locales pour favoriser la coopération décentralisée.
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La nécessité d’augmenter les investissements directs français au Niger.
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Enfin, répondant à une question sur le développement d’un sentiment anti-français, l’Ambassadrice a appelé à distinguer ce qui relevait de manœuvres orchestrées sur les réseaux sociaux, du quotidien des populations, tout en concédant que certains courants d’opposition portaient ce discours au sein de l’Assemblée nationale nigérienne.
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Suites à donner à l’audition
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Diffusion de l’invitation de S.E. Mme Aichatou Boulama Kané aux membres du groupe d’amitié pour prendre part à la 4ème édition de la journée culturelle Nigérienne organisée par le Conseil des Nigériens en France.
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Une délégation de députés nigériens pourrait se rendre à l’Assemblée nationale fin juin (à confirmer).
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Objectif de recevoir une délégation nigérienne en France en 2024.